Face aux impacts du numérique, découvrez des bonnes pratiques faciles à mettre en place pour amener le numérique responsable au travail. Le sujet est complexe, les entreprises ont souvent d’autres priorités, et tous les collaborateurs ne sont pas sensibilisés.

Alors, comment pouvez-vous faire si VOUS êtes intéressé et si vous voulez agir au travail ? C’est le but de l’article, on va voir quelques bonnes pratiques numérique responsable faciles à mettre en place que ça soit en télétravail ou au bureau.

La démarche numérique responsable

« La démarche du numérique responsable vise à réduire l’empreinte écologique et sociale des technologies de l’information et de la communication. » – définition du Green IT.

Jusque là, je ne pense pas vous surprendre.

 

Une démarche peut en cacher une autre

Ce que vous ne savez peut-être pas encore, c’est que le numérique responsable regroupe les démarches qui consistent à :

    • créer de la valeur économique grâce au numérique,
    • réduire l’empreinte du numérique et
    • utiliser le numérique pour réduire d’autres empreintes.

 

Mais il ne faut pas les confondre :

    • Green IT : le nom anglais de la démarche numérique responsable
    • Green for IT : démarche qui consiste à réduire l’empreinte environnementale du numérique
    • IT for Green : démarche qui consiste à utiliser le numérique pour réduire d’autres empreintes environnementales. Le terme « ecology by design » signifie la même chose.
    • L’écoconception numérique : qui consiste à rassembler dans une même stratégie la démarche Green for IT et la démarche IT for Green.

Attention où vous mettez les pieds avec ces termes, le greenwashing n’est pas loin… 😨

➡️  Pour en savoir plus, explorez le lexique du numérique responsable réalisé par un groupe de travail du Green IT.

 

Le numérique responsable ne se limite pas à l’écologie

Pour preuve, voici les 5 piliers d’une démarche numérique responsable :

    1. Limiter l’impact des outils et terminaux : l’impact, comprenez environnemental et social
    2. Offrir des services accessibles et inclusifs : penser aux exclus du numérique, aux handicaps et à l’ensemble des utilisateurs finaux
    3. Rendre éthique et responsable : protéger les données, ne pas manipuler et ne pas discriminer
    4. Résilience des organisations : collaborer, partager des normes et socles communs
    5. Permettre l’émergence de nouveaux comportements et valeurs : permettre l’innovation, favoriser les initiatives, permettre l’engagement

Pourquoi on parle du numérique responsable aujourd’hui ?

Parce qu’en pleine transition numérique, on prends conscience de son impact environnemental. Même si on parle de cloud, de virtuel, de dématérialisé, il y a des câbles, des serveurs, et des infrastructures en tout genre pour nous permettre d’ouvrir nos mails et d’aller sur Netflix.

 

Le numérique aussi émet des gaz à effet de serre 😶‍🌫️

Le numérique représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Pardon pour les scientifiques qui veulent du précis, mais il est difficile aujourd’hui d’obtenir plus qu’un ordre de grandeur, on est encore au début de la mesure des impacts du numérique.

3 à 4 %, ça vous semble petit ? Sachez que c’est pourtant plus que les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation mondiale (avant covid bien sûr).

Graphique évolution part du numérique dans les émissions de ges
Part du numérique dans les émissions de GES mondiales - rapport du Shift Project 2021

On parle de gaz à effet de serre par habitude, mais il y a tellement d’autres impacts à prendre en compte pour comprendre la situation ! Si le numérique était un pays, il aurait 2 à 3 fois l’empreinte écologique d’un pays comme la France, vous imaginez ? 

 

L’étape de la fabrication en cause

Et ça n’est même pas notre usage qui est le plus en cause dans cette empreinte, c’est l’existence même des terminaux : leur fabrication. Sur tous les plans, la fabrication est le moment où ça pêche, que ça soit en termes :

  • de ressources utilisées pour le secteur du numérique : la fabrication représente 76 % du total,
  • d’énergie consommée pour le secteur du numérique : la fabrication représente 30 % du total, à égalité avec l’usage
  • d’émission de gaz à effet de serre pour le secteur du numérique : la fabrication représente 40 % du total, les usages seulement 26 %
graphiques empreinte du numérique
Part des terminaux utilisateurs dans l'empreinte du numérique mondial en 2019 - Rapport GreenIT

Et on en consomme des terminaux ! 💻 📱 📠 🎮

Il se vend chaque jour 8400 ordinateurs en France, et 40 smartphones par seconde dans le monde. Au total, nous sommes 4,5 milliards d’utilisateurs du numérique. Les chiffres sont vertigineux.

On ne parle même pas du problème du recyclage avec une montagne pareille d’appareils, je pense que vous savez comme moi qu’une infime partie de ces terminaux sont recyclés.

 

La tendance n’est pas à la baisse…

Ça nous fait une image assez inquiétante des impacts du numérique, mais attendez, ce n’est pas tout… Le vrai problème, c’est la croissance du numérique. C’est que ces chiffres sont tous appelés à empirer très rapidement si on suit les estimations actuelles. La croissance des émissions liées au numérique qui pour la France est de l’ordre de 6 % chaque année, donc le problème n’est pas maitrisé, et il s’empire plus vite qu’on ne le résout.

🔎 Je tiens mes chiffres de l’étude réalisée par Green IT, du rapport du Shift Project, et du rapport du Sénat.

💪  Cheer up, on n’est pas complètement démunis !

Commencer par se former au numérique responsable

Parce que les idées reçues sur la pollution numérique sont nombreuses, il vaut mieux prendre la bonne information au bon endroit. Non, les data centers ne sont pas les plus pollueurs dans le monde numérique, et non, vider votre boite mail ne compensera pas votre série Netflix. Une bonne pratique numérique responsable ne se devine pas, mais se découvre et s’apprend auprès d’experts.

 

📚  Que ça soit dans le cadre pro ou dans le cadre perso, vous pouvez vous reposer sur ces références :

👉  La Fresque du Numérique

C’est le point de départ pour comprendre l’ensemble des enjeux liés au numérique, et tous les impacts qui en découlent. Bien plus complet que mon article, je le recommande pour une première approche du sujet. Il s’agit d’un atelier à faire en groupe et qui est pédagogique et édifiant. Une partie de l’atelier est dédiée aux solutions que chacun peut adopter pour agir à son échelle, donc vous ne repartirez pas sans clés.

🔗 Je suis animatrice de la Fresque du Numérique, rendez-vous sur cette page pour en savoir plus.

👉  Le Mooc INR

Format plus traditionnel, ce mooc est un ensemble de vidéos et de contenus qui expliquent l’ensemble des aspects du numérique responsable. Ce mooc est a été créé par l’Institut du Numérique Responsable, anciennement le Club Green IT aujourd’hui devenue une association. À l’issue du mooc, il est possible de passer un certificat pour ceux qui souhaitent faire reconnaître leur compétence en numérique responsable.

🔗  https://www.academie-nr.org/

logo INR

👉  Le Mooc INRIA

L’INRIA a également publié son mooc sur le numérique responsable avec une belle brochette d’intervenants experts. Peut-être plus abordable dans son format et dans son approche pédagogique, ce mooc est également plus complet et une très bonne référence pour découvrir et comprendre les impacts du numérique.

🔗 https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/impacts-environnementaux-du-numerique/

On adopte quelques bonnes pratiques numérique responsable au travail

 

1 • Allonger la durée de vie, parce qu’on l’a vu c’est la fabrication qui impacte le plus

Matériel pro ou matériel perso, même combat. Faire durer nos équipements numériques constitue le geste LE plus efficace pour diminuer leurs impacts.

Efficace comment ? D’après l’ADEME, passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % son bilan environnemental.

 

2 • Si on doit vraiment acheter un nouvel équipement, alors on fait les choses bien

💡 On achète d’occasion ou reconditionné, en passant par exemple par Backmarket, Commown, ou refurb.me pour ne citer qu’eux. En plus de préserver l’environnement, le reconditionné vous permet de réaliser des économies considérables par rapport à l’achat d’équipements neufs, pourquoi s’en priver !

💡 On loue, c’est une option, surtout si vos besoins professionnels exigent que vous ayez toujours du matériel relativement performant.

💡 Et au pire du pire, on achète neuf, MAIS avec des labels écologiques et des indices de réparabilité corrects. Privilégier le label EPEAT ou le label TCO.

 

3 • Et on fait quoi de nos anciens équipements ?

💡 On reconditionne : le meilleur scénario, c’est le réemploi dans un autre service de l’entreprise. Un ordinateur qui n’est plus satisfaisant pour un développeur pourrait tout à fait satisfaire des besoins bureautiques. Seconde possibilité, revendre à un organisme de reconditionnement, à nouveau on peut citer Backmarket, mais aussi Le Bon Coin.

💡 On donne : il est toujours possible de faire des dons aux employés ou à des associations comme les ressourceries ou la collecte tech.

💡 On recycle, mais uniquement si hors d’usage. Tournez-vous vers Ecosystem ou Ecologic dans ce cas-là.

 

4 • Quelques habitudes faciles à mettre en place et qui peuvent faire la différence sur le long terme

Dans les paramètres et les applications :

  • Activer les options d’économie d’énergie pour les écrans, ordinateurs et téléphones
  • Éteindre les ordinateurs le soir et le weekend : le gain d’énergie est conséquent
  • Paramétrer les imprimantes en mode éco
  • Privilégier les modes sombres sur les applications qui le proposent
  • Limiter le nombre de programmes utilisés en même temps (ne pas les laisser en background)
  • Imprimez uniquement ce qui est nécessaire, et en noir et blanc, brouillon et recto verso

 

En ligne :

  • Changer de moteur de recherche pour Ecosia, Lilo ou Ecogine (en plus ils sont en général plus respectueux de vos données personnelles
  • Privilégier le lien direct lorsque vous le connaissez, sauvegardez par exemple dans les favoris plutôt que de faire une requête
  • Attention au poids des pièces jointes, aux mails inutiles et aux signatures qui incluent des images. Même si l’impact est marginal, à l’échelle d’une entreprise ça reste des gestes simples
  • La visio multiplie par 3 l’impact carbone d’un appel donc on l’utilise seulement si on en a besoin. Sinon le téléphone, ça marche bien très aussi
  • Nettoyer son cloud ! Et peut-être stocker en local certaines choses.

 

5 • Pour les décideurs, des changements plus impactant sont possibles

💡 Changer d’hébergeur pour un data center green : Pour identifier un data center, chercher ceux qui affichent un PUE (Power Usage Effectiveness), c’est-à-dire une efficacité de gestion des serveurs, proche de 1. Cerchez un data center qui a obtenu les normes ISO 14001 sur le management environnemental et ISO 50001 qui certifie la performance énergétique.

💡 Changer de fournisseur d’électricité pour une électricité certifiée d’origine renouvelable.

Et on sensibilise ses collègues !

Toucher aux habitudes numériques, c’est compliqué, moi la première, j’ai plus de facilité à viser le zéro déchet qu’à limiter mes usages en ligne ! Et pourtant c’est la même démarche dans le fond. Et la règle des 5 R du zéro déchet s’applique parfaitement au numérique : Refuser —Réduire —Réutiliser —Recycler —Réparer. C’est une règle facile à mémoriser et facile à partager !

Et puis la prise de conscience est difficile pour vos collègues, pourquoi ne pas tenter un petit calcul pour avoir une meilleure idée de l’impact de chaque équipe ? Le simulateur de l’INR peut donner une estimation.

Et en bonus, l’ADEME a réalisé un livret avec des infographies et des images au cas où ça passerait mieux dans votre entreprise, à télécharger ici.

Conclusion

Le numérique à des impacts bien réels et une tendance à la hausse. Il est important pour lutter contre cette tendance d’adopter un comportement numérique responsable au travail. Rappel sur les actions que vous pouvez prendre :

1 • Allonger la durée de vie, parce qu’on l’a vu c’est la fabrication qui impacte le plus

2 • Si on doit vraiment acheter un nouvel équipement, alors on fait les choses bien

3 • Et on fait quoi de nos anciens équipements ?

4 • Quelques habitudes faciles à mettre en place et qui peuvent faire la différence sur le long terme

5 • Pour les décideurs, des changements plus impactant sont possibles