Ce nouveau rôle aux allures de « bullshit job » nous vient des États-Unis (quelle surprise), et a été très médiatisé par le prince Harry, lui-même CIO de la startup BetterUp. Aujourd’hui, début 2022, seule une poignée de personnes en France ont ce rôle.
Concrètement, ça fait quoi un Chief Impact Officer ?
Job description, please !
L’objectif de tous les Chief Impact Officers est identique, mais leurs occupations varient pour chaque entreprise. Donc, au risque de vous décevoir, vous ne trouverez pas de fiche de poste standard pour un CIO.
Par contre, on peut parler de leur mission commune qui consiste à :
- Mesurer l’impact positif et négatif de l’entreprise sur l’environnement, la société et ses parties prenantes.
- Et proposer des actions pour améliorer cet impact.
🎤 Pour avoir des informations plus concrètes, le média Sifted a essayé de comprendre le quotidien de plusieurs Chief Impact Officers européens. Ils ont interviewé une première personne responsable du bilan carbone et également Product Manager. Une autre, est chargée d’obtenir la certification B Corp et de coordonner le reporting des données d’impact pour l’entreprise. Enfin, un troisième est principalement un évangéliste et éduque ses collègues et partenaires à la notion d’impact positif.
Plus proche de nous, cinq Français ont partagé leur vision du job dans un webinaire organisé par Vendredi, France Digitale et Impact at Work :
- Kat Borlongan — Chief Impact Officer chez Contentsquare
- Bettina Reveyron – Social Impact Lead chez Doctolib
- Audrey Yvert — Head of Impact chez OpenClassrooms
- Jean-Gabriel Levon — Chief Impact Officer chez Ÿnsect
- Julie de Mony-Pajol — Impact Manager chez Ecovadis
🖥 Je vous invite à regarder ce replay d’une heure, qui passe bien trop vite, et qui donne envie d’une suite.
Dans ce contexte, l’impact c’est quoi ?
🔎 Dans le contexte du développement durable et de la RSE, on parle d’impact dans le cadre d’une analyse d’un produit de sa création à son recyclage. Le but est de connaître et mesurer tout ce qui compose le produit, tout ce qui découle de son usage, et les conséquences de son recyclage.
On définit alors 3 principales familles d’indicateurs d’impact :
- les indicateurs de flux, qui ne traduisent pas de conséquence en soi, mais servent de base pour mesurer la consommation et l’émission de ressources de l’entreprise
- les indicateurs d’impact intermédiaire (aussi appelés indicateurs d’effets) qui traduisent un problème à résoudre, une conséquence négative à réduire
- et les indicateurs de dommages relatifs aux 3 domaines à protéger : la santé humaine, la biodiversité et les ressources.
👉 Il n’existe pas de consensus sur un ensemble d’indicateurs de références. Par exemple, on peut considérer les impacts sur l’énergie, l’eau, mais aussi sur la rémunération des salariés, le recrutement, ou même sur le business des partenaires ou la vie du territoire.
➡️ Petit rappel sur ce que recouvre le développement durable dans cet article.
Le CIO va-t-il remplacer le responsable RSE ?
Parfois appelé « directeur de l’engagement » ou « responsable de l’impact », le CIO n’est pas un « Responsable RSE ». Caroline Renoux, directrice de Birdeo, a dit aux Échos : « La grande différence avec les métiers traditionnels de la RSE, c’est qu’on leur demande aujourd’hui d’intégrer l’impact dans le business et la stratégie de l’entreprise ».
🙌 Donc sur le papier, cette nouvelle fonction va plus loin que des actions RSE. Même s’il est toujours un champion de la RSE, le Chief Impact Officer amène le sujet des impacts environnementaux, sociaux et sociétaux à la table des décideurs. Et c’est là qu’est la principale différence avec le responsable RSE.
En vérité, ce poste reflète les priorités actuelles de la société :
- aller plus vite dans la mise en place d’actions positives,
- fournir des preuves d’engagement
- et standardiser les mesures d’impact partout où c’est possible.
Cependant, on ne va pas trouver un CIO dans toutes les entreprises. Par exemple, créer ce poste n’est pas primordial pour une petite entreprise dont le cœur de métier n’est pas le développement durable ou l’impact social. Le fait de structurer les questions d’engagements dans une entreprise arrive en phase de croissance, quand on lève des fonds, ou quand beaucoup de clients deviennent demandeurs.
💼 C’est donc plutôt un rôle qu’on va trouver dans une PME ou un grand groupe, alors que du côté des startup ce sera peut-être une casquette parmi d’autres pour le dirigeant.
➡️ Retour sur la définition de la RSE dans notre article « C’est quoi la RSE? ».
Pourquoi structurer l’impact ?
🤜🏻 Le fait de créer cette nouvelle fonction envoie un message fort aux parties prenantes de l’entreprise. C’est donner à l’engagement de l’entreprise une importance égale à la n’importe quel autre département stratégique de l’entreprise.
⌛️ C’est aussi accélérer les actions ou plutôt la recherche de solutions, et donc montrer que l’entreprise prend en compte l’urgence climatique et y réagit de manière proportionnée.
👀 C’est donc une bonne réponse à destination des investisseurs qui recherchent des entreprises engagées, ou à destination des consommateurs qui sont eux aussi en recherche d’engagement. Ça a l’avantage d’attirer les jeunes diplômés qui cherchent des employeurs engagés et ça motive les salariés.
Les départements RSE, départements Achats et départements RH fonctionnent plus ou moins indépendamment les uns des autres avec chacun une responsabilité partielle vis-à-vis de l’engagement de l’entreprise. Ils mettent en place parfois des actions redondantes ou sollicitent de manière répétée les employés et parties prenantes. Le poste de CIO a l’avantage d’unifier toutes ces actions et missions diverses liées à l’engagement et de les rendre cohérentes au sein d’une stratégie globale d’impact positif.
➡️ Les entreprises intéressées, mais qui n’ont pas encore de quoi créer un poste, peuvent éventuellement faire appel à un CIO externalisé. Je peux remplir ce rôle pour votre entreprise, contactez-moi si vous voulez en parler.
Si c’est le job de rêves, alors il va falloir se retrousser les manches
Comment devriez-vous faire pour devenir vous-même CIO ? Il n’y a pas de formation puisque, comme on l’a vu, chaque entreprise a des besoins variés en termes de mesure d’impact. Ce n’est pas du tout un poste bien défini et cadré. Donc vous allez devoir fournir pas mal d’efforts et développer par vous-même les compétences essentielles pour le secteur de votre entreprise.
Au-delà des connaissances et des méthodes pratiques, être CIO c’est aussi un savoir-être particulier. Parmi les intervenants de la table ronde, pas un n’avait la même formation ni les mêmes compétences. Idem dans leurs rôles : la taille de leur équipe variait, leurs tâches au quotidien et leur style de gestion de l’impact positif. Ils avaient par contre deux points communs : leur esprit entrepreneurial et leur sincérité.
1️⃣ Ce que j’appelle esprit entrepreneurial, c’est leur capacité à prendre la responsabilité de l’impact de l’entreprise et à trouver des solutions pour l’améliorer. Ce sont des personnes qui se posent tous les jours la question « comment je vais changer la vie des gens au quotidien » ou « comment le produit ou le service de mon entreprise peut-il devenir encore plus utile pour les gens ».
2️⃣ Ces personnes sont profondément sincères dans leur démarche de développement de solutions positives. Le greenwashing gravite autour de ces questions, et un CIO a une responsabilité éthique et morale de travailler honnêtement et en toute transparence.
💪 Enfin, être CIO demande beaucoup de résilience pour convaincre, éduquer et parfois même évangéliser les parties prenantes de l’entreprise. C’est un travail de fond presque sans fin, qui demande patience et bienveillance. Parfois, ce genre de travail peut faire naître un sentiment d’isolement ou d’impuissance. Mais c’est un sentiment temporaire qui, espérons-le, s’allégera avec une meilleure connaissance de ce métier et de la notion d’impact positif en entreprise.